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mercredi 13 janvier 2010

Les mystères résolus

Il y a pire, en tant que bon sceptique, que de se retrouver plongé dans une conversation sur le surnaturel et les grands mystères du paranormal : ce sont ces putains de conversations qui tournent autour des mystères du paranormal qui ont été résolus à l'endroit comme à l'envers. Ah ben oui, nombre de mythes soi-disant inébranlables ont été démontés, parfois par hasard, il y a un petit temps maintenant. C'est déjà pénible de se retrouver seul au milieu des "tu ne te rends pas compte, il y a des trucs, j'ai beau ne pas y croire, tout de même" et de ronger son frein, en se retenant de faire le rabat-joie et de leur expliquer la lecture à froid ou la convection thermique, mais quand de surcroît ils sont en train de s'extasier sur ce qui est peu ou prou une supercherie archi-connue ou un bête concours de circonstances, il y a de quoi chopper un cancer du colon.

Surge ne reculant devant aucun sacrifice pour vous instruire en vous amusant, voici tout au long de la semaine un rapide survol de quelques mystères du paranormal complètement éventés et, malheureusement pour les fidèles, assez normaux en fin de compte. Comme ça, si jamais on mange ensemble, ça m'évitera des ulcères.

Uri Geller le plieur de cuillères
On va commencer par un type qui aujourd'hui a disparu de la circulation mais qui, à une époque, était suffisament célèbre pour avoir un caméo dans Boule et Bill. Fin 60, début 70, les plus vénérables s'en souviendront peut-être, un grand Israélien à l'air bizarre avait agité le PAF en tordant les cuillères en direct par la seule force de sa volonté. Tout le monde marche et tout le monde en parle : Uri Geller est doté de pouvoirs incroyables, un don des extraterrestres qu'il a rencontré dans sa jeunesse dans le but de convaincre un monde incrédule de leur présence sur Terre.

Soit. Déjà, si j'étais un visiteur venu d'une autre planète, capable de prodiges mystifiant la science humaine, je donnerais autre chose à mon seul prophète que la capacité à déformer l'argenterie. Principalement parce qu'avec un peu d'entraînement, il y a moyen d'arriver au même résultat à l'aide d'un petit peu de prestidigitation. Et justement, il se trouve que Geller a pratiqué la chose dans sa jeunesse. L'histoire ne dit pas si c'était avant ou après sa rencontre du cinquième type.

Notre ami Uri profite donc quelques années d'une certaine notoriété et passe par tous les plateaux télés et pages de magazines qui veulent bien de lui, engrangeant une coquette somme avec des prodiges dignes de Gandalf : plier les couverts, arrêter les montres, deviner des dessins. Impressionnant, non ?

C'est lors d'une émission télé, le Tonight Show, en 1971 que James Randi, illusionniste et chef de file des démystificateurs américains, tombe dans les coulisses sur notre ami Geller caché dans un coin avec la boîte à couverts en argent de grand-mamie sur les genoux, à chipoter autour des couteaux à poisson. Que fait-il ? Simplement, il plie les couverts dans un sens et dans l'autre, fatiguant le métal sans le casser. En effet, une fois réchauffé par le frottement et le pli, puis remis à sa place, le matériau fragilisé se plie sans effort. C'est d'autant plus probant et discret avec les cuillères, dû à leur forme incurvée qui masque la fatigue et qui donne un point déjà fragile à tordre. Randi ne le crie pas plus fort que ça mais conseille néanmoins discrètement au présentateur de l'émission de n'utiliser que des cuillères dont il connaît la provenance et que Geller n'a pu approcher avant le direct. Ainsi fut fait, et notre pauvre Uri s'est trouvé en panne de fluide mystique devant une nation entière, en direct, incapable de tordre la moindre fourchette à dessert.




Il aura suffit à Geller de profiter d'un simple truc de physique des matériaux, fatiguant parfois le couvert en direct avec l'excuse de le "magnétiser" (quoi que cela veuille dire), pour mystifier la Terre entière. Ça n'empêche pas les gens d'y croire encore aujourd'hui, malgré son humiliation nationale et télévisée, répétée plus tard par Gérard Majax.

Dernière précision, M. Geller a la fâcheuse habitude d'attaquer en justice des gens utilisant sa notoriété et démontrant ses tours. Rassurez-vous, fidèles lecteurs : il n'en a encore gagné aucun. L'équipe de Surge attend donc ses dommages, intérêts et publicité gratuite avec impatience. De plus, M. Geller ayant été fort proche d'une star de la pop récemment disparue, on risque d'en entendre parler à nouveau dans peu de temps.

Demain : le Triangle des Bermudes

4 commentaires:

Bond a dit…

Quoi ? Comte ? Vous auriez parmi vos connaissances des gens qui croient encore aux fadaises de ce M. Geller ? Et pire, qui s'en préoccupent encore ? Il est grand temps de faire le ménage dans vos fréquentations. Si vous le souhaitez, je peux m'en occuper.

Le Comte a dit…

Quand on a une vie sociale, on est parfois surpris des sujets de conversation qui sortent. Mais surtout zet histoire de ne pas relancer des débats, j'ai choisi pour la première fournée des sujets qui ont été à 100% démontés de façon solide, rigoureuse et documentée, pas nécessairement ceux qui me cassent effectivement les coudes le plus souvent.

Sinon, je suis assez content d'avoir écrit le premier article de Surge avec "Argenterie" en libellé. Je me demande quels genres de tordus ça va attirer sur le site. On avait déjà "petite fille", "anarchie" et "anonymous" qui n'ont pas manqué de nous attirer un lectorat de choix j'ai nommé les brigades de cyberpolice que je salue au passage. Messieurs, vous ne faites pas un métier facile, chapeau bas.

Anonyme a dit…

Geller est quand même surpuissant: par vengeance à l'égard du Tonight Show il a réussit, en moins de 30 ans, à faire disparaître la moindre trace de cigarettes de la télévision américaine. Waw.

Sinon, je suis surtout ébahi par ce que je viens d'apprendre sur Majax, qui est bien plus qu'un simple magicien au nom de lessive.

Anonyme a dit…

Une fois qu'on se renseigne sur les joyeux gourous tels que Geller, on tombe aussi sur Jim Callahan (joliment humilié par Criss "twilight" Angel hu hu), qui fait un cinéma pas possible lorsqu'il se connecte à l'au-delà (*kof*). Je n'avais pas rit comme ça depuis longtemps.